CONSTRUIRE L’UNIVERSITÉ DU 21e SIÈCLE EN L’ADMINISTRANT COMME AU 19e SIÈCLE

Sous le prétexte fallacieux de « moderniser » l’université pour la faire passer au rang d’« université du 21e siècle », la direction de l’Université de Montréal tente une nouvelle fois d’accaparer tous les pouvoirs afin d’imposer sa vision du
développement de l’institution. Le dépôt récent d’un projet de loi privé (Loi modifiant la Charte de l’Université de Montréal, L.Q. 1967, c. 129), actuellement soumis à l’examen des juristes de l’État, affiche clairement cette volonté.

Insatisfait de l’opacité qui caractérise déjà l’administration, le Conseil de l’Université de Montréal veut en finir une fois pour toute avec la transparence, reliquat du 20e siècle rendu obsolète à l’ère de la « gouvernance », où les intérêts du monde des affaires ont préséance sur ceux des acteurs de la vie universitaire.

Enfreignant non seulement la liberté universitaire des professeurs, mais également leurs droits fondamentaux (droit d’association, droit de représentation, droit du travail), les principes énoncés dans la nouvelle Charte nous replongent dans des relations de travail dignes du 19e siècle.Comble d’inquiétude, par son silence à propos de l’objectif central de ce projet de loi, l’actuelle ministre responsable de l’Enseignement supérieur et ancienne vice-rectrice au sein de cette institution, Madame Hélène David, semble cautionner cet affront aux membres de la communauté universitaire.

LA FQPPU EXIGE LE RETRAIT IMMÉDIAT DE CE PROJET DE LOI PRIVÉ CAR :

• Il met en péril le principe de collégialité qui est à la base de l’administration des universités québécoises ;

• Il bafoue la convention collective du Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM) et ouvre la porte à une ingérence du gouvernement du Québec dans les relations de travail entre la direction et le corps professoral de cette université ;

• Il porte une atteinte grave aux rôles, aux droits et aux libertés fondamentales des professeurs ;

• Il s’inspire des pratiques administratives des entreprises à but lucratif, alors que les universités sont des institutions vouées à la production et à la transmission du savoir dans une perspective de service public ;

• Il tient pour acquis que les administrateurs externes qui siègent au Conseil d’administration sont « indépendants », alors qu’ils représentent dans les faits les intérêts des entreprises dont ils sont issus ;

• Il s’appuie sur un argumentaire boiteux, notamment en se référant fréquemment aux Statuts de l’Université, actuellement en révision et donc appelés à changer ;

• Il a pour effet d’introduire des rapports autoritaires entre la direction et les professeurs, qui sont relégués au statut de simples exécutants, alors qu’ils sont au coeur des missions de recherche et d’enseignement qui animent l’Université.

POSITION DE LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE DES PROFESSEURES ET PROFESSEURS D’UNIVERSITÉ (FQPPU) SUR LE PROJET DE LOI PRIVÉ MODIFIANT LA CHARTE DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

ATTENDU que le Conseil de l’Université de Montréal a déposé en août 2017 à l’Assemblée nationale son projet de loi privé modifiant la Charte de l’Université de Montréal ;

ATTENDU que les amendements contenus à ce projet rendront nuls et sans effets les Règlements de l’Assemblée universitaire (AU) portant sur les conditions de travail des professeurs visés par la convention collective SGPUM ;

ATTENDU que ce projet est contraire à la lettre et à l’esprit de la convention collective du SGPUM ;

ATTENDU que les pouvoirs de l’AU font partie intégrante des conditions de travail des membres du SGPUM ;

ATTENDU que les pouvoirs de l’AU ne peuvent être modifiés sans le consentement écrit du SGPUM ;

ATTENDU que ces graves atteintes aux droits, aux libertés et aux conditions de travail des membres du SGPUM constituent un dangereux précédent pour tout le corps professoral québécois.

LE CONSEIL FÉDÉRAL DE LA FQPPU :

DÉNONCE avec vigueur le coup de force du Conseil de l’Université de Montréal tenté avec le dépôt d’un projet de loi privé modifiant la Charte de l’Université de Montréal ;

DÉPLORE que ledit projet viole la convention collective des membres du SGPUM ;

S’INQUIÈTE des atteintes graves dudit projet aux rôles, aux droits et aux libertés fondamentales des professeurs de l’Université de Montréal ;

CONDAMNE les atteintes graves dudit projet à la liberté universitaire, à la collégialité et à la participation des professeurs au fonctionnement de leur institution.

Adoptée à l’unanimité lors du Conseil fédéral du 20 octobre 2017.


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