Sous-financement des universités québécoises : un appel urgent à l’équité

Le financement de la recherche par le Canada n’est pas équitable. Dans un article du Journal de Montréal publié le 30 septembre 2024, le professeur de l’Université du Québec à Rimouski Marc-Denis Rioux l’explique, chiffres à l’appui. « 80 % de l’argent fédéral consacré à la recherche est versé à 15 universités, dont seulement deux francophones », affirme-t-il.

« C’est un système inéquitable non seulement pour les francophones, mais pour la plus grande partie des universités du Canada », ajoute-t-il dans l’article. Ce déséquilibre met en lumière un problème systémique, affectant la capacité de plusieurs universités à mener des projets de recherche compétitifs et innovants.

Une répartition qui pénalise plusieurs universités québécoises

Depuis plus de deux décennies, le financement de la recherche au Canada est largement dominé par un groupe particulier : celui les « U15 ». Ce consortium d’universités bénéficie de la majorité des subventions fédérales, laissant la plupart des universités québécoises avec des moyens limités — une répartition injuste qui freine leur développement. En effet, celle-ci impacte leur capacité à attirer des talents et à mener des recherches d’envergure internationale.

Non seulement cette situation crée une inégalité entre les établissements du pays, mais elle pénalise aussi l’innovation et la recherche dans les communautés francophones. De nombreuses universités québécoises, pourtant vitales pour le développement régional et culturel, sont largement exclues de cette distribution disproportionnée des fonds publics.

C’est un système inéquitable non seulement pour les francophones, mais pour la plus grande partie des universités du Canada.
Marc-Denis Rioux
Marc-Denis Rioux
Professeur à l'Université du Québec à Rimouski

Des répercussions pour la recherche francophone

Entre 2019 et 2022, 98 % des fonds fédéraux pour la recherche en santé ont été alloués à des projets soumis en anglais. Cette tendance, qui s’étend à d’autres domaines scientifiques, met en lumière une barrière supplémentaire pour les chercheur·euses francophones, les forçant à naviguer dans un système biaisé.

Ce déséquilibre freine l’épanouissement de la recherche en langue française et limite également la capacité des universités québécoises à attirer et retenir des chercheur·euses de talent. L’avenir de la recherche francophone, ainsi que le rôle central des universités dans la formation de la relève académique, se trouve donc mis en péril.

Une réforme pour mieux soutenir toutes les universités

La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) s’élève contre ce modèle de financement inéquitable. « C’est un système injuste envers les universités québécoises et qui doit être changé », déclare sa présidente, Madeleine Pastinelli. La FQPPU, dont la mission est de défendre l’université comme service public, milite pour une réforme qui prendrait en compte les besoins spécifiques des universités francophones et des plus petites institutions.

Pour la FQPPU, il est crucial que toutes les universités, quelles que soient leur taille ou leur langue d’enseignement, puissent accéder équitablement aux ressources fédérales. Et ce n’est pas seulement une question d’équité. Le changement garantirait une vitalité dans les institutions de recherche et stimulerait l’innovation à travers le pays. Il en va également de la qualité de l’enseignement et de la recherche, dont le rôle en tant que service public est compromis par ce manque de financement.

C’est un système injuste envers les universités québécoises et qui doit être changé.
Madeleine Pastinelli
Présidente de la FQPPU

Vers un système plus équitable

La FQPPU appelle à une révision en profondeur du système de financement de la recherche. Le modèle actuel doit être remplacé par une approche plus équitable, qui prendrait en compte non seulement la taille et la performance des universités, mais aussi leur contribution régionale et leur diversité culturelle et linguistique. 

En collaboration avec d’autres acteurs du milieu universitaire, la FQPPU continue de plaider pour une réforme qui permettra à toutes les universités de recevoir les ressources nécessaires pour assurer leur développement. Ce combat est essentiel pour que le Canada puisse rivaliser sur la scène mondiale de la recherche. Il est fondamental de travailler vers un système qui reconnaît la valeur et l’importance de chaque institution dans le paysage universitaire canadien.

En savoir plus

  • En juin 2023, la FQPPU proposait dans un mémoire de réformer le financement des missions fondamentales des universités québécoises.

Restez à jour

Abonnez-vous à l’infolettre de la Fédération.