L’adoption récente du projet de loi 74 (PL74), qui modifie l’encadrement des étudiant·es internationaux·ales au Québec, a déclenché une onde de choc au sein du milieu universitaire.
En attribuant au gouvernement le pouvoir de plafonner le nombre d’étudiant·es internationaux·ales, la nouvelle loi pose des questions fondamentales sur l’avenir de l’autonomie des universités et sur l’attractivité internationale du Québec comme destination d’études. Il n’est pas seulement question ici d’une réforme législative. Il s’agit pour nous d’une lutte pour préserver des principes fondamentaux de la mission d’intérêt public de nos universités.
Au cœur de cette polémique, nous tirons la sonnette d’alarme à la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU). Dans un rapport percutant, nous mettons en lumière le rôle indispensable des étudiant·es internationaux·ales au Québec et proposons des solutions pour préserver leur contribution, essentielle au dynamisme de nos universités.
Table des matières
Les enjeux critiques de la nouvelle loi
Le nombre des étudiant·es internationaux·ales dans nos institutions a fortement augmenté au cours de la dernière décennie, et le Québec est devenu une destination de prédilection pour les talents du monde entier. Dans ce contexte, les impacts de l’adoption du PL74 pourraient se révéler désastreux :
- Une atteinte à l’autonomie des universités. En centralisant les décisions d’admission, le gouvernement réduit la capacité des universités à répondre véritablement aux besoins locaux, nationaux et internationaux.
- Une menace pour la viabilité des programmes. Dans des universités francophones ou en région, notamment à l’UQAM, l’UQAC ou l’UQTR, les étudiant·es internationaux·ales contribuent à la pérennité de nombreux programmes.
- Un affaiblissement de l’attractivité internationale. En limitant les admissions internationales, le Québec envoie un message ambigu sur son ouverture aux chercheur·euses internationaux·ales, ce qui risque de dissuader les meilleurs talents de travailler de concert avec les chercheur·euses d’ici.
✊ Pour en savoir plus : tous les détails de notre opposition au projet de loi 74.
Étudiant·es internationaux·ales au Québec : un moteur de vitalité
Les étudiant·es internationaux·ales ne se résument pas à de simples chiffres dans des statistiques. Elles représentent une richesse inestimable pour nos universités :
- Stabilisation des effectifs. Alors que les inscriptions locales chutent, les étudiant·es internationaux·ales soutiennent la pérennité des programmes, surtout dans les universités francophones et hors des centres urbains.
- Un levier financier crucial. En 2024-2025, leurs frais de scolarité représentent plus de 75 % des nouvelles subventions annoncées par le ministère de l’Enseignement supérieur, jouant ainsi un rôle essentiel dans la viabilité financière des établissements.
- Un rayonnement global. Ces étudiant·es internationaux·ales renforcent la force du Québec sur la scène mondiale, et alimentent la recherche et l’innovation à travers des perspectives diversifiées.
🗣️ Pour en savoir plus : la Table des partenaires universitaires explique pourquoi la nouvelle Politique québécoise de financement des universités ne répond pas aux défis actuels de l’enseignement supérieur.
3 recommandations pour garantir leur contribution
- Protéger un plancher de recrutement
Assurer un nombre minimal d’admissions internationales permettant de préserver la diversité académique et de garantir la stabilité des programmes, particulièrement dans les universités où la présence de ces étudiant·es internationaux·ales s’avère cruciales. - Préserver l’autonomie des universités
Chaque institution doit rester maître de ses admissions. La capacité de décider en fonction des orientations de l’institution et des décisions prises collégialement au sein de celle-ci revêt une importance cruciale pour maintenir la mission d’intérêt public de nos universités. - Instaurer un processus de concertation
Un dialogue structuré avec les universités, les syndicats de professeur·es, les associations étudiantes et l’ensemble des parties prenantes s’impose pour garantir la transparence des décisions gouvernementales et leur ancrage dans la réalité du terrain.
📚 Pour en savoir plus : l’autonomie des universités fait partie des dix principes fondateurs de la FQPPU.
Un appel à l’action : ne pas baisser les bras
Les étudiantes internationales et les étudiants internationaux représentent plus qu’un atout pour l’enseignement supérieur au Québec. Dans le contexte d’une baisse démographique marquée, ils et elles jouent un rôle essentiel pour assurer la pérennité de nos universités et de l’offre de programmes
Madeleine Pastinelli
Présidente de la FQPPU
L’adoption du projet de loi 74 constitue un signal d’alarme, mais pas la fin de la lutte. En effet, elle exige maintenant une mobilisation de tous les acteurs académiques et sociaux pour défendre les valeurs d’ouverture qui définissent le Québec.
De notre côté, à la FQPPU, nous restons engagé·es dans cette lutte et déterminé·es à faire entendre la voix des professeur·es sur la question. Le gouvernement actuel, contre la volonté des différentes parties prenantes du milieu universitaire, a choisi d’engager le Québec dans des transformations législatives potentiellement néfastes pour nos institutions. À présent, nous l’invitons à une collaboration renforcée afin de trouver des solutions équilibrées, alimentées par les besoins de celles et ceux qui y travaillent chaque jour.
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