Victoire pour la liberté académique à l’Université Laval. Le Syndicat des professeures et professeurs de l’Université Laval (SPUL) et la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) saluent l’entente entérinée par une décision arbitrale dans l’affaire de harcèlement psychologique reproché à une professeure, qui confirme le droit fondamental des professeur·es de critiquer les décisions de la direction de leur établissement sans crainte de représailles.
En bref
- Une victoire majeure pour la liberté académique. Le SPUL et la FQPPU saluent l’entente entérinée par une décision arbitrale annulant la suspension de la professeure Sylvette Guillemard, qui confirme le droit fondamental des professeur·es de critiquer librement les décisions de leur université ou de leur direction sans crainte de représailles.
- Une réaffirmation claire de principes essentiels à la mission universitaire. La décision arbitrale réitère plusieurs principes essentiels, dont le droit de critiquer son institution et le droit de s’adresser à son syndicat en tout temps — des piliers centraux de la collégialité.
- Un appel à la vigilance et à la responsabilité institutionnelle. La FQPPU exhorte les universités à protéger activement la liberté académique et à créer des milieux de travail favorisant le débat d’idées comme moteur d’excellence, rappelant que la vitalité du savoir dépend de la capacité collective à défendre ce droit avec courage.
Rappelons que, suite aux critiques formulées à l’encontre d’une gestionnaire de sa faculté, la professeure de droit Sylvette Guillemard avait été suspendue huit semaines sans salaire par l’Université Laval. Après des contestations du SPUL, une décision arbitrale datée du 17 octobre 2025 confirme l’annulation de cette sanction et le paiement d’une compensation et de dommages ayant découlé, pour la professeure, de sa suspension. Dans sa décision, l’arbitre prend soin de rappeler plusieurs principes, notamment le droit des professeur·es de critiquer sans contrainte les décisions de la direction — et des dirigeant-es — de leur université, de même que leur liberté de s’adresser à leur syndicat à tout moment.
« C’est une victoire éclatante pour la liberté académique et pour l’ensemble du corps professoral québécois », a déclaré Maxime Coulombe, président du SPUL. « L’arbitre a rappelé que la possibilité de critiquer son établissement n’est pas une faute : c’est un droit garanti par la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire ».
Un droit fondamental pour la mission universitaire
Pour la FQPPU, cette décision illustre de manière exemplaire les principes énoncés par son Comité permanent sur la liberté académique (COPLA) dans son avis sur le devoir de loyauté, paru en 2023 : la liberté académique comprend explicitement le droit de critiquer son propre établissement et ses gestionnaires. L’université tire en effet sa légitimité de la pluralité des voix qui la composent ; elle doit à cet égard agir avec une extrême prudence avant d’assimiler la dissidence à du harcèlement psychologique. C’est dans le débat libre et rigoureux — parfois inconfortable, toujours nécessaire — que se réalise pleinement la mission d’intérêt public des universités.

« Nous accueillons très favorablement cette décision, qui réaffirme que la critique des institutions est au cœur de la mission universitaire », a exprimé Madeleine Pastinelli, présidente de la FQPPU. « En protégeant le droit de parole des professeures et des professeurs, on protège la qualité, l’intégrité et la vitalité démocratique de nos universités. »
Cette décision arbitrale doit maintenant servir d’avertissement et d’inspiration à l’ensemble du réseau universitaire. À cet effet, la FQPPU appelle les directions de toutes les universités québécoises à reconnaître la pleine portée de la liberté académique, à protéger sans équivoque la parole critique et à favoriser des milieux de travail où le débat d’idées est accueilli comme un moteur d’excellence plutôt qu’un risque à gérer. Dans un contexte mondial historiquement délétère pour la liberté académique, cette décision rappelle que le pluralisme intellectuel et la liberté de critiquer le pouvoir en place sont des conditions essentielles à la démocratie.
Photo de l’Université Laval : Wilfredo Rafael Rodriguez Hernandez.
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