La FQPPU dénonce le congédiement du professeur Patrick Provost, qui constitue une atteinte grave à la liberté académique et témoigne d’une mécompréhension de la mission universitaire

Le congédiement de Patrick Provost, qui fait suite à une série de suspensions que lui avait imposées l’Université Laval, apparaît comme une atteinte inacceptable à la liberté académique, dans la mesure où il est vraisemblablement lié à ses prises de position controversées sur la vaccination contre la COVID-19.

Rappelons que la Commission permanente sur la liberté académique (COPLA) de la FQPPU avait fait enquête en 2022, à la suite de l’imposition d’une première sanction au professeur Provost par l’Université Laval. Dans son rapport, elle dénonçait dans les termes les plus fermes le « mélange d’effets bâillon et de mobilisation de concepts flous telle la rigueur scientifique, aux fins de l’exercice abusif du droit de gérance » par l’Université Laval. La COPLA soulignait également qu’une telle décision affecte non seulement le professeur visé, mais aussi l’ensemble du corps professoral, qui risque de redouter la possibilité de subir le même traitement.

La FQPPU souhaite rappeler que la liberté académique vise précisément à protéger les professeur.es dont les travaux dérangent ou qui défendent des positions en rupture avec celles qui font consensus. L’avancement des connaissances et la réflexion critique ne sont possibles que si ceux et celles qui produisent le savoir ont la liberté d’explorer toutes les avenues de recherche qu’ils et elles jugent pertinentes, incluant celles qui choquent, sont à contre-courant ou sont considérées comme fausses par une majorité « Les collègues doivent avoir la liberté de se tromper sans craindre de subir ce genre de conséquences. Si les thèses défendues par un professeur dérangent ou sont erronées, c’est aux autres spécialistes du domaine qu’il revient d’en faire la critique et de les contredire sur le plan scientifique et certainement pas à des gestionnaires de tracer la limite entre ce qui est valable ou pas au plan scientifique » affirme Madeleine Pastinelli, la présidente de la FQPPU.

Les collègues doivent avoir la liberté de se tromper sans craindre de subir ce genre de conséquences. Si les thèses défendues par un professeur dérangent ou sont erronées, c'est aux autres spécialistes du domaine qu'il revient d'en faire la critique et de les contredire sur le plan scientifique et certainement pas à des gestionnaires de tracer la limite entre ce qui est valable ou pas au plan scientifique.
Madeleine Pastinelli
Présidente de la FQPPU

La FQPPU dénonce et condamne cette atteinte grave à la liberté académique, qui entache la direction de l’Université Laval. Madeleine Pastinelli explique « Il ne s’agit évidemment pas de savoir ce qu’on pense ou non des propos qui ont été tenus par le collègue Patrick Provost concernant la vaccination contre la COVID-19, l’enjeu étant plutôt ce que doit être le rôle de l’administration universitaire versus ce qui relève du débat scientifique. La confusion des deux est particulièrement dommageable à la mission universitaire et on s’étonne de ce que l’administration d’une grande institution comme l’Université Laval ne l’ait toujours pas compris ». Soulignons que la liberté académique est reconnue à l’échelle internationale par l’UNESCO depuis 1997 comme une condition fondamentale de la poursuite de la mission des universités, en plus d’être désormais protégée par la loi québécoise. Reconnaissant son importance et l’urgence de la défendre contre les pressions politiques de toutes sortes, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur le droit à l’éducation prépare son prochain rapport spécifiquement sur cette liberté fondamentale.

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