Initialement publiée dans l’édition du 30 novembre de La Presse, nous reproduisons ici une lettre ouverte rédigée par les membres de la Table des partenaires universitaires, qui réunit des organisations représentant des étudiant·es, du personnel de soutien, technique et professionnel, des chargé·es de cours et des professeur·es. Depuis quelque trente années, la TPU milite pour une vision humaniste de l’université, qui se définit notamment par le partage et la diffusion du savoir et des connaissances, le développement de l’esprit critique et les services à la communauté.
L’annonce surprise du 13 octobre dernier par les ministres Pascale Déry et Jean-François Roberge, concernant une hausse significative des droits de scolarité exigés aux communautés étudiantes canadienne et internationale, ne passe toujours pas. Celle-ci s’est avérée non seulement critiquable quant à la manière de faire, en avançant des décisions partielles sur le financement des universités et sans consultation préalable des acteurs universitaires, mais aussi sur le fond, soutenant des positions fondamentales qui vont à l’encontre des valeurs d’accessibilité aux études et de mobilité étudiante, si importantes pour nos universités.
La Table des partenaires universitaires (TPU), qui réunit des organisations représentant des étudiantes et des étudiants, du personnel de soutien, technique et professionnel, des chargées et chargés de cours et des professeures et professeurs, déplore l’improvisation liée à cette annonce.
On semble ici tester des idées à la pièce, sans présenter le portrait global des mesures qui seront proposées pour régler les problèmes observés dans le financement des universités. Cette façon de travailler politiquement – à courte vue – ne sert pas les intérêts des universités ni ceux de leurs membres qui s’y engagent fortement. De telles idées doivent au contraire être mûrement réfléchies et il convient d’en discuter avec les acteurs qui se trouvent au cœur de la mission des universités et qui détiennent donc une solide connaissance des problèmes, des besoins et des enjeux liés au financement des universités.
Faire fi des consultations
En juin dernier, la ministre Pascale Déry avait pourtant lancé un vaste chantier de consultation pour redéfinir les contours de la prochaine politique de financement des universités. De nombreux acteurs du milieu universitaire ont répondu à son appel et déposé des dizaines de mémoires qui tiennent compte des positions définies démocratiquement avec leurs membres.
La TPU souhaite rappeler que la collégialité est une valeur fondamentale dans le monde universitaire. En ce sens, nous invitons donc la ministre à ne pas écarter d’un revers de main les propositions défendues par les groupes et les organisations qui s’engagent chaque jour dans le succès de nos universités. Nous espérons que ces réflexions guideront son parti et le ministère de l’Enseignement supérieur à prendre des décisions porteuses pour la suite des choses.
Pas sur le dos des étudiantes et étudiants
La ministre a raison de vouloir chercher à réduire les iniquités dans le financement des universités, iniquités qui se sont accrues depuis la déréglementation des droits de scolarité des personnes étudiantes étrangères en 2018 et qui désavantagent actuellement les universités francophones. Toutefois, il est essentiel de s’assurer que les correctifs apportés n’aient pas d’effets déstructurants susceptibles de menacer la survie d’établissements anglophones. De plus, nous l’invitons à ne pas répéter les erreurs du précédent gouvernement libéral. Si l’on veut refinancer convenablement les universités, il faut sortir de la logique de la marchandisation des étudiantes et étudiants provenant de l’extérieur du Québec.
Par ailleurs, la TPU réitère son opposition à une modulation des frais de scolarité selon le programme d’études, qui traduit une vision marchande de l’éducation. Les étudiantes et étudiants, peu importent leurs origines, devraient pouvoir choisir leur champ d’études en fonction de leurs intérêts et de leurs aptitudes, et non pas en fonction de leur portefeuille.
Pour ces raisons, nous demandons au gouvernement des engagements financiers additionnels substantiels, conformément à la priorité qu’il affirme accorder aux secteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Vos actions doivent être cohérentes avec vos paroles.
En attente d’une politique complète
Depuis l’annonce insatisfaisante du mois d’octobre dernier, nous attendons avec impatience un dialogue avec la ministre. Nous nous inquiétons particulièrement de lire, dans La Presse, qu’un nouveau modèle de tarification serait bientôt adopté.
Nous demandons à la ministre de tenir à court terme une rencontre avec les différents acteurs du milieu universitaire pour échanger sur les grandes orientations qui se dessinent pour la future politique globale de financement des universités.
À cet égard, la position de la TPU est claire : le financement des universités doit être public, équitable, stable et pérenne. Il en va du rôle que doivent jouer ces institutions cruciales au service du bien commun.
Vincent Beaucher, président, Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec – CSQ
Catherine Bibeau-Lorrain, présidente, Union étudiante du Québec
Valérie Fontaine, présidente, Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur – CSQ
Claude Fortin, présidente, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche
Carole Neill, présidente, Conseil provincial du secteur universitaire, Syndicat canadien de la fonction publique – FTQ
Sébastien Paquette, coordonnateur, Conseil québécois des syndicats universitaires – AFPC
Madeleine Pastinelli, présidente, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université
Caroline Quesnel, présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec – CSN
Danny Roy, président, Fédération des professionnèles – CSN
Mario Roy, représentant de la Fédération universitaire des syndicats étudiants
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