En intervenant directement dans le contenu d’un cours sur la Palestine au Collège Dawson, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, porte une nouvelle atteinte grave à la liberté académique, pilier fondamental de l’enseignement supérieur.
Cette ingérence politique, dénoncée avec indignation par la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), s’inscrit dans une suite d’actions arbitraires de la ministre, révélant un mépris récurrent pour la liberté académique (pourtant ici entérinée dans une convention collective qu’elle a elle-même signée) et une confusion troublante entre ses fonctions ministérielles et ses intérêts au sein d’une organisation de lobbying. La FQPPU exige que cessent ces pratiques inacceptables qui fragilisent la confiance du public et menacent l’intégrité du travail des enseignant·es de cégep.
En bref
- Ingérence de la ministre Déry dans le contenu d’un cours au Collège Dawson : une atteinte directe à la liberté académique, pourtant entérinée dans une convention collective qu’elle a elle-même signée.
- Une dérive récurrente et inquiétante : après le blocage arbitraire de la nomination de la professeure Denise Helly à l’INRS en 2024, ce nouvel abus de pouvoir confirme une tendance à l’ingérence politique de son ministère dans les cégeps et les universités.
- La FQPPU exige des comptes : la FQPPU demande la fin immédiate de ces pressions politiques de la ministre Déry, sans quoi sa capacité à diriger le ministère de l’Enseignement supérieur sera nécessairement remise en cause.
Un schéma d’abus de pouvoir qui se répète
Rappelons que cette intervention de la ministre Déry s’inscrit dans un historique plus large d’ingérence politique. En 2024, elle avait refusé, sans motifs sérieux, d’entériner la nomination de la professeure Denise Helly au conseil d’administration de l’INRS, ce qui avait suscité une vague d’indignation dans la communauté universitaire. Ce geste, que le Comité permanent de la liberté académique (COPLA) avait qualifié d’atteinte aux principes de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, mettait déjà en évidence une gestion arbitraire du pouvoir ministériel, que la FQPPU avait alors dénoncé.
Les récentes pressions exercées au Collège Dawson confirment donc une dérive inquiétante : loin d’un incident isolé, l’attitude de la ministre révèle un réel mépris pour les principes d’autonomie qui doivent pourtant guider les milieux de l’enseignement supérieur.
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Face à cette nouvelle attaque contre la liberté académique, la présidente de la FQPPU, Madeleine Pastinelli, exprime une profonde inquiétude : « Chaque fois que la ministre s’arroge le droit d’intervenir sur le contenu des cours ou sur la gouvernance des établissements, ce sont les fondements mêmes de nos réseaux collégial et universitaire qui vacillent. La liberté académique ne constitue pas une faveur accordée aux enseignant·es du Collège Dawson. Elle représente une condition nécessaire à un enseignement intègre, dont la prestation doit se faire à l’abri de tout dogme politique ou idéologique. »
Une menace pour tout le milieu de l’enseignement supérieur au Québec
Au-delà des établissements directement concernés, les interventions répétées de la ministre font planer une menace sur l’ensemble des institutions d’enseignement supérieur. La Recommandation de l’UNESCO sur la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur rappelle que l’autonomie est « l’expression institutionnelle des libertés académiques et une condition nécessaire pour que les enseignants et les établissements de l’enseignement supérieur puissent s’acquitter des fonctions qui leur incombent ».
Il est du devoir de l’État « de protéger l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur contre toute menace, d’où qu’elle vienne. » La ministre crée ainsi un dangereux précédent : après l’INRS et Dawson, quel autre établissement ? Après la Palestine, quel autre sujet ?
Devant la gravité des atteintes répétées à la liberté académique et l’érosion grandissante de la confiance envers l’impartialité de la ministre de l’Enseignement supérieur, la FQPPU exige que cessent immédiatement ses ingérences politiques. À défaut d’un engagement clair à respecter l’autonomie des établissements et la liberté d’enseignement, la question de la capacité de Pascale Déry à continuer d’assumer ses fonctions se posera inévitablement.
Car ce qui est en cause, ce n’est pas seulement un événement malheureux au Collège Dawson : c’est la capacité des enseignant·es à remplir leur mission sans crainte de représailles, et le droit des étudiant·es à une éducation fondée sur la rigueur, le débat et la diversité des idées. Un choix s’impose nécessairement : liberté académique ou censure politique.
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