Refus d’entériner une nomination au conseil d’administration de l’INRS : une ingérence politique inquiétante

C’est une situation complètement inusitée et qui pose de sérieuses questions quant à l’autonomie des universités : la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, et le gouvernement du Québec n’ont pas entériné la nomination de la professeure titulaire Denise Helly au conseil d’administration de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Cela, dans un contexte où la procédure de désignation aurait été strictement respectée par l’administration, avec consultation du corps professoral. Il est à noter que la prof. Helly mène depuis plus de vingt ans des recherches sur les minorités immigrées et nationales, sur l’insertion économique et socio-culturelle des personnes issues de l’immigration, sur le discours haineux et l’islamophobie, de même que sur les politiques fédérale et québécoise de pluralisme culturel.

La structure de l'INRS prévoit que le gouvernement nomme au conseil d’administration deux professeur·es qui sont désigné·es par le corps professoral de l’Institut. Nous avons reçu la nouvelle, mais il n’y a pas eu d’explication de la part du ministère pour l’accompagner.
Jean-Charles Grégoire
Président du syndicat des professeur·es de l'INRS

« La structure de l’INRS prévoit que le gouvernement nomme au conseil d’administration deux professeur·es qui sont désigné·es par le corps professoral de l’Institut », explique Jean-Charles Grégoire, président du syndicat des professeur·es de l’INRS. « Nous avons reçu la nouvelle, mais il n’y a pas eu d’explication de la part du ministère pour l’accompagner. »

Les circonstances entourant l’opposition gouvernementale à cette nomination posent des doutes quant au respect des principes sur lesquels repose la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire, et qui incluent le respect de l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur. Selon cette Loi, les universités doivent pouvoir accomplir leur mission sans contrainte doctrinale, idéologique ou morale. « Que devons-nous conclure des raisons qui ont motivé la ministre à écarter une candidature d’aussi grande qualité que celle de la professeure en question ? », demande Madeleine Pastinelli, présidente de la Fédération des professeures et des professeurs d’université (FQPPU). « À nos yeux, s’il est justifié, ce refus ne peut que reposer sur des motifs très sérieux, et ces motifs doivent être communiqués clairement et sans délai à toutes les instances impliquées. Il faut en effet que l’administration et les professeur·es de l’INRS puissent prendre la mesure de ce que veut dire cette fin de non-recevoir. »

Que devons-nous conclure des raisons qui ont motivé la ministre à écarter une candidature d’aussi grande qualité que celle de la professeure en question ? À nos yeux, s’il est justifié, ce refus ne peut que reposer sur des motifs très sérieux, et ces motifs doivent être communiqués clairement et sans délai à toutes les instances impliquées.
Madeleine Pastinelli
Présidente de la FQPPU

Mentionnons que, dès qu’elle a pris connaissance de cette situation, la Fédération a fait parvenir à la ministre une demande de clarification. Cette missive, parvenue au ministère en date du 10 janvier, est restée sans réponse.

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