Photo : Abby Zhu / The Tribune
Les victoires syndicales à McGill marquent un tournant historique pour une institution où les syndicats professoraux étaient absents depuis 1821.
Après l’Association mcgillienne des professeur.e.s de droit (AMPD), deux nouveaux syndicats ont obtenu leur accréditation : l’Association mcgilloise des professeur·e·s de la Faculté des arts (AMPFA) et l’Association mcgillienne des professeur.eure.aire.s d’éducation (AMPE). À présent, c’est l’Association mcgilloise des professeur.e.s de l’école d’éducation permanente (AMPEEP) qui vient de déposer une demande d’accréditation.
Pour ces nouvelles organisations de défense des droits des professeur·es, le combat s’annonçait difficile. Les accréditations actuelles et à venir constituent le fruit d’une lutte acharnée, principalement celle des professeur·es de droit, contre une administration qui a tout essayé pour briser cette mobilisation collective sans précédent. Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette lutte pour l’avenir du syndicalisme universitaire ?
Table des matières
Leçon 1 : La solidarité et la mobilisation triomphent des obstacles
Depuis le début du mouvement, McGill s’est distinguée par sa résistance agressive à toute forme de syndicalisme professoral. La loi imposait à l’Université McGill de négocier de bonne foi : or, à la table de négociation, la stratégie de l’employeur a consisté à faire traîner le processus de manière déraisonnable.
Malgré l’intervention d’un conciliateur nommé par le ministère du Travail, les représentant·es de l’Université refusaient explicitement de rencontrer le comité de négociation de manière régulière, arrivaient aux rencontres sans être préparé·es et s’efforçaient de ralentir le processus par tous les moyens à leur disposition.
À de nombreuses reprises dans les discussions, l’administration a demandé que la convention collective renvoie aux politiques de l’Université, s’accordant ainsi le droit de modifier unilatéralement les conditions de travail de ses professeur·es. Cela revenait, pratiquement, à nier l’idée même de la négociation collective.
Finalement, la direction persistait à contester devant les tribunaux le droit d’association du corps professoral de la Faculté de droit, alors que ce droit avait pourtant été reconnu sans équivoque par le Tribunal administratif du travail.
Cette opposition féroce, loin de décourager les professeur·es, n’a fait que renforcer leur détermination. En effet, ces stratégies déloyales pour briser la solidarité des troupes n’ont eu pour effet que de la justifier davantage.
Leçon 2 : Le syndicalisme universitaire, une réponse aux dérives managériales
Le combat antisyndical de la direction de McGill n’a pas solidarisé que les professeur·es de cette université. Il a galvanisé l’ensemble du corps professoral, au Québec comme au Canada. Dans leur combat pour défendre leur droit à la négociation collective, les profs de McGill ont pu compter sur la solidarité des membres de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) et de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU).
À un moment critique, l’ensemble des présidences des syndicats de professeur·es membres de la FQPPU ont cosigné une lettre rappelant que les syndicats sont des alliés hors pair dans la poursuite de la mission fondamentale des universités.
La lettre mettait en lumière un fait que la direction de McGill semblait alors oublier : les crises les plus graves n’arrivent pas dans les contextes où plusieurs parties ont voix au chapitre. Au contraire, elles adviennent lorsque le pouvoir est concentré et qu’aucun garde-fou fort n’existe pour prévenir les abus ou empêcher que l’institution ne se détourne de sa mission d’intérêt public pour être mise au service d’intérêts particuliers.
À l’heure où plusieurs institutions adoptent des modèles de gestion inspirés du secteur privé, le syndicalisme joue un rôle crucial. Il sert de rempart contre les politiques de gestion qui fragilisent les conditions de travail et la qualité de l’enseignement.
📬 Pour en savoir plus : la lettre qui dénonce les stratégies antisyndicales de McGill, signée par toutes les présidences des syndicats membres de la Fédération.
Leçon 3 : Les professeur·es ne reculeront pas
C’est un fait : depuis sa fondation, l’Université McGill n’avait jamais connu l’existence de syndicat de professeur·es, et cela a trop souvent positionné l’établissement comme cancre en matière de relations de travail.
Le mépris des professeur·es et de leur droit à la négociation collective contredit l’idéal de collégialité qui fait battre le cœur des universités québécoises. La collaboration et la collégialité ne servent pas qu’à briller dans des rapports annuels. Ces principes doivent s’exercer, au quotidien, dans le fonctionnement de toutes les instances de gestion universitaire.
Et ça, les professeur·es de McGill le savent. À travers leur lutte, celles-ci et ceux-ci envoient un signal fort : après deux siècles d’absence, leurs syndicats sont là pour rester. L’AMPD, l’AMPFA, l’AMPE et l’AMPEEP mettent en lumière la volonté du corps professoral de se faire entendre et de protéger sans relâche leurs droits fondamentaux.
Aux syndicats actuels et à venir, que le message soit clair et entendu : vous pourrez compter sur le soutien de la FQPPU à toutes les étapes de votre mobilisation collective.
Un élan historique pour l’avenir
Mentionnons que ces victoires ne constituent pas des fins en soi. Elles représentent le début d’un nouveau souffle pour le futur de l’Université McGill. Elles mettent également en lumière des leçons desquelles tous les syndicats universitaires peuvent apprendre.
Vous êtes membres de la Fédération et vous souhaitez solliciter notre aide ou nos conseils ? Vous êtes professeur·es et vous vous trouvez en plein cœur du processus pour obtenir une accréditation syndicale ? Consultez la section Services aux membres et contactez-nous pour en discuter.
Restez à jour
Abonnez-vous à l’infolettre de la Fédération.