Nous avons commencé l’année avec une situation historique, qui n’était jamais advenue à la Fédération depuis sa création en 1991 : une douzaine de syndicats membres se sont trouvés en négociation en même temps, dans un contexte où les conditions de travail des professeur·es se dégradent à bien des égards. Depuis, plusieurs sont parvenus à une entente satisfaisante pour leurs membres respectifs (le SPUQ vient d’ailleurs d’annoncer les termes de sa nouvelle convention collective). Dans plusieurs autres syndicats cependant, la discussion achoppe sur des points fondamentaux et des moyens de pression supplémentaires sont maintenant considérés (notamment à l’Université de Montréal et à l’Université McGill).
À la Fédération, nous nous tenons prêt·es à soutenir les syndicats en négociation dans ces combats afin de les aider à obtenir les meilleures conditions possibles pour réaliser pleinement la mission universitaire.
Outre ces négociations, trois dossiers nous occuperont tout particulièrement au début de l’année 2024 : la nouvelle formule de financement des universités qui sera présentée par le ministère de l’Enseignement supérieur, les enjeux de liberté académique depuis l’adoption récente d’une loi pour la protéger, de même que la poursuite d’une réflexion à propos des répercussions de l’intelligence artificielle sur la recherche et l’enseignement.
Révision de la politique de financement des universités
Les mois qui viennent seront marqués par la présentation de la nouvelle formule de financement des universités par le ministère de l’Enseignement supérieur, qui fait suite à une consultation pour laquelle la Fédération avait présenté un mémoire. Sur la base des éléments largement repris dans les mémoires présentés au ministère de l’Enseignement supérieur, nous pouvons nous attendre à ce que la révision de la formule donne lieu à une réduction de la part de financement liée aux inscriptions. Nous nous attendons également à ce que le gouvernement revienne sur les annonces qu’il a faites plus tôt cet automne, et qui concernent les droits de scolarité des étudiant·es non québécois·es, pour présenter une version révisée de sa proposition initiale.
Rappelons que la Fédération a publiquement dénoncé les mesures présentées en octobre concernant les droits de scolarité des étudiant·es non québécois·es. Si nous pouvons comprendre et saluer la volonté du gouvernement de mieux soutenir le réseau francophone et d’éviter que les différences linguistiques ne fondent un système universitaire à deux vitesses, nous ne pouvons que nous opposer à un changement de nature à restreindre l’accès aux études supérieures. Qui plus est, cette mesure est susceptible d’avoir des effets déstructurants potentiellement très lourds de conséquences pour certaines universités anglophones, notamment les plus petites, au point d’en menacer la survie. De concert avec les autres membres de la Table des partenaires universitaires, nous avons dénoncé le caractère manifestement improvisé de cette annonce.
Nous suivrons avec beaucoup d’intérêt les décisions du gouvernement en la matière et ne manquerons pas de nous faire entendre au besoin.
Les enjeux de liberté académique sur notre radar
Après avoir sollicité l’avis de la Commission permanente sur la liberté académique (COPLA), qui soulevait des inquiétudes en lien avec certains aspects de la réforme de l’éducation proposée par le ministre Bernard Drainville, la Fédération se désole de l’adoption sans modifications du projet de loi 23. Rappelons que, selon la COPLA, « le projet de loi 23 a pour effet de consolider et légitimer la mainmise directe du ministre de l’Éducation sur les programmes universitaires de formation des enseignants en définissant, avec l’avis de l’Institut ou non, le contenu des compétences recherchées et celui des programmes de formation. » À cet effet, il devient « à peine exagéré de conclure que ce faisant, le ministre traite les facultés d’éducation des universités québécoises comme des sous-traitants du monde de l’éducation et leur personnel enseignant comme des exécutants du mandat ministériel. » Nous resterons donc extrêmement vigilant·es dans les différentes étapes de la mise en œuvre de cette loi.
Le projet de loi 23 a pour effet de consolider et légitimer la mainmise directe du ministre de l'Éducation sur les programmes universitaires de formation des enseignants en définissant, avec l'avis de l'Institut ou non, le contenu des compétences recherchées et celui des programmes de formation.
Commission permanente sur la liberté académique
À l’heure actuelle, la COPLA travaille à documenter les enjeux articulant la liberté académique, d’une part, aux différentes politiques visant à favoriser l’équité, la diversité et l’inclusion et, d’autre part, aux cadres balisant l’éthique de la recherche.
Finalement, la Fédération travaille depuis quelques mois à un important projet de vulgarisation, qui s’intéresse à ce qu’est la liberté académique et aux manières dont elle se déploie depuis l’adoption de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire. Ce projet est en cours de finalisation et sera officiellement annoncé et présenté au début de 2024.
Intelligence artificielle et enseignement supérieur
En réaction aux questionnements importants amenés par l’émergence d’outils d’intelligence artificielle de plus en plus performants, la Fédération avait adopté une résolution en Conseil fédéral pour demander la tenue d’un Forum national sur l’intelligence artificielle et l’enseignement supérieur, qui serait basé sur l’expertise de chercheur·euses et qui impliquerait toutes les organisations touchées. Le gouvernement n’a peut-être pas acquiescé à cette invitation, cependant une consultation a été faite par le Conseil supérieur de l’éducation et la Commission de l’éthique en science et en technologie. La Fédération a tenu à y faire entendre sa voix en soumettant son diagnostic et ses recommandations.
L’intelligence artificielle continuera vraisemblablement d’avoir d’importantes répercussions sur la manière dont les professeures et les professeurs font leur travail, au jour le jour. À cet effet, notre priorité est de nous assurer que le ministère de l’Enseignement supérieur dégage les ressources nécessaires afin que les universités puissent fournir à l’ensemble des professeur·es l’accompagnement, les outils et les ressources dont elles et ils ont besoin pour s’adapter à ces changements profonds et rapides.
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